Nouvelle méthode de traitement en cas de septicémie
«Tirer» les bactéries hors du sang
Un anticorps pour tout
Inge Herrmann, chercheuse de l’Empa, et son équipe ont développé une solution en collaboration avec Marco Lattuada de l’Adolphe Merkle Institute et des chercheurs en médecine de la « Harvard Medical School ». L’idée : un nettoyage magnétique du sang. Le principe est simple, tout du moins en théorie. Des particules de fer sont revêtues d’un anticorps qui dépiste les bactéries nuisibles dans le sang et les retient. Aussitôt que les particules de fer se sont fixées aux bactéries, on les retire du sang à l’aide d’un champ magnétique.
Mais un petit problème subsiste : jusqu’à présent, on n’a réussi à revêtir les particules de fer que d’anticorps pouvant reconnaître un seul type de bactéries – tandis que divers agents pathogènes sont en jeu en fonction du type de septicémie. De ce fait, les médecins doivent d’abord analyser à l’aide d’une prise de sang quelles bactéries ont causé la septicémie, afin de pouvoir choisir ensuite les anticorps correspondants. « Cette analyse sanguine prend du temps et dans le cas d’une septicémie, le temps joue un rôle vital », explique Herrmann. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle il a rarement été question jusqu’à présent de mettre en œuvre une dialyse magnétique.
À présent, une équipe de la « Harvard Medical School » autour de Gerald Pier a développé un anticorps capable d’attirer à lui toutes les bactéries susceptibles d’enclencher une septicémie – cela permettrait d’entamer une thérapie magnétique directement, au moindre soupçon de septicémie, indépendamment du type d’agent pathogène présent dans le sang. Cet anticorps « bon à tout » a effectivement permis aux chercheurs de l’Empa d’isoler des bactéries – un peu comme lors d’une dialyse.
Les particules de fer sont-elles nuisibles ?
D’autres essais suivent
À l’avenir, il ne sera donc plus obligatoire de prescrire directement des antibiotiques au premier soupçon de septicémie. On prélèvera du sang au patient pour le diagnostic et pendant son analyse à la recherche d’éventuels agents pathogènes, le patient sera déjà traité par un appareil de dialyse pour nettoyer le sang – quelles que soient les bactéries dont il est infecté. Aussitôt que les médecins disposeront des résultats sanguins détaillés, ils pourront compléter le traitement par un antibiotique adapté à l’agent pathogène.
Mais cette idée reste encore une musique d’avenir, car beaucoup de questions demeurent sans réponse. D’une part, cette méthode doit obligatoirement être appliquée au premier stade d’une septicémie, lorsque les dommages ne sont pas encore passés du sang dans les organes ou fonctions corporelles ; d’autre part se pose aussi la question de savoir comment ce traitement est supporté par des patients instables ou déjà malades auparavant. Herrmann et son équipe se montrent malgré tout optimistes – et se rapprochent d’un traitement de la septicémie nouveau et plus doux.
M Lattuada, Q Ren, F Zuber, M Galli, N Bohmer, MT Matter, A Wichser, S Bertazzo, GB Pier, IK Herrmann, "Theranostic body fluid cleansing: rationally designed magnetic particles enable capturing and detection of bacterial pathogens", J Mat Chem B, doi:10.1039/c6tb01272h
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